Tous les ardennais le savent. Car tous y vivent. La nature est ici partout, que cela soit à travers un massif forestier, des vallées plongeantes ou de larges plaines. Si les locaux y trouvent leur raison de rester vivre ici, les touristes ont aussi leurs envies propres. Dans ce cadre, le projet Interreg « Ardenne Grande Région Eco-Tourisme et Attractivité, en collaboration avec l’université de Liège (Agro-Bio Tech de Gembloux), l’Institut National de Recherche Agronomique de Nancy et l’asbl Ressources Naturelles Développement travaillent sur un diagnostic de l’attractivité des milieux naturels de l’Ardenne.
Concrètement, il s’agit de savoir qui fréquente ces espaces verts, quand et pourquoi. Les résultats pourront amener à des aménagements touristiques pour répondre aux demandes. Si les premiers résultats de l’étude sont attendus pour la fin de l’année, un questionnaire envoyé aux partenaires touristiques de la Grand Région (600) a déjà permis de sortir quelques chiffres et statistiques.
Il ressort qu’une grande partie des partenaires touristiques qui ont répondu sont des hébergements (40%), suivis de loin par des centres d’activité, des restaurants et des musées. Pour ces entreprises, la nature est un cadre attractif pour le développement de leur business mais aussi un partenaire indispensable pour se développer. La nature fait d’ailleurs partie prenante à 35% de leur communication.
Mais que font-ils concrètement pour agir en faveur de l’environnement ? Les principales réponses furent : la gestion des déchets, la sensibilisation des touristes ainsi que la consommation de produits locaux. Mais les entreprises touristiques ont également des demandes claires pour améliorer l’attractivité du territoire naturel. La première demande est de développer le réseau des zones protégées. Ensuite, il s’agirait de développer la naturalité des paysages forestiers. C’est-à-dire d’augmenter son aspect « sauvage » et naturel. Mais également d’interdire la chasse les jours fériés, les week-ends et pendant les vacances. Finalement, de dégager la visibilité des fonds de vallées.
Des avis tranchés, sans équivoque
Egalement, les partenaires ont pointé quelques améliorations d’infrastructures qui seraient bénéfiques à l’attractivité, comme le fait de proposer des prestations touristiques qui combinent plusieurs activités. Ou augmenter le nombre d’aires de pique-nique, bivouacs ou barbecues. Et encore l’augmentation des sentiers de randonnées tout en permettant aux visiteurs de faire des boucles. Pour les partenaires interviewés, la priorité en vue de l’amélioration de l’attractivité de l’Ardenne est celle de développer une image cohérente de la destination, notamment aux travers de la marque Ardenne (40%).
De manière générale, toutes les entreprises sont attentives à la manière dont les paysages ardennais sont gérés actuellement. Ceci dit, tous les usages de nos milieux naturels ne sont pas acceptés par ceux-ci : la récréation motorisée, la transformation des forêts feuillues en résineux ou le nourrissage des animaux sauvages dans le but de les chasser. D’autres usages font l’unanimité, comme la cueillette des produits sauvages, l’observation, les points de bivouacs, les camps de jeunes, l’abattage des arbres pour produire du bois, l’affouage ou l’abattage des résineux sur des sols humides.
Il va sans dire que le croisement des avis provenant des entreprises touristiques et des touristes eux-mêmes amènera à des prises de conscience inévitables. Cette étude est probablement le point de départ d’un certain réajustement de nos usages en milieu naturel ainsi que du développement de nouvelles infrastructures.